Du producteur à l’assiette, une filière de qualité s’est montée dans le Berry pour défendre la lentille verte, un légume sec bourré de vertus que l’on peut accommoder à toutes les sauces ! Elle réunit une cinquantaine d’agriculteurs qui valorisent leur production grâce à Cibèle, une société du groupe Axéréal.
Dans les assiettes, la lentille est de plus en plus tendance. Riche en fer, en fibres, en protéines, en vitamines, facile à cuisiner… Elle cumule les qualités, et plus encore lorsqu’elle est cultivée dans le Berry ! Introduite sur ces terres argilo-calcaires après la deuxième guerre mondiale, elle se distingue par sa douce saveur de châtaigne et son excellente tenue à la cuisson qui en font un produit savoureux, fruit d’une filière qualité montée par les agriculteurs locaux.
« Dans les années 80, cette culture a été victime d’importations massives en provenance du Canada, qui ont fait chuter les cours et reculer la production. Il a fallu la ténacité d’une dizaine de producteurs pour sauver ce savoir-faire. Sans quoi, la lentille aurait sans doute disparu du paysage local », explique Cécile Taillandier, responsable commerciale chez Cibèle, la société qui conditionne et commercialise ce produit de terroir.
Grâce à l’appui des collectivités et de la coopérative Axéréal, la maison mère de Cibèle, ils ont mis en place une filière doublement certifiée qui s’appuie sur un label rouge, décroché en 1996, et une indication géographique protégée, obtenue en 1998, le tout sous l’appellation « lentille verte du Berry ».
La zone de production couvre 49 communes, 44 dans l’Indre et cinq dans le Cher, elle s’étend sur 800 hectares et mobilise une cinquantaine d’agriculteurs qui doivent respecter un strict cahier des charges, avec des inspections régulières et une production testée régulièrement pour garantir les qualités gustatives du produit.
Chaque année, Cibèle leur achète l’intégralité de leur production qui varie entre 1.000 et 2.000 tonnes selon les rendements. Dans ses locaux à Saint-Georges-sur-Arnon, l’entreprise qui emploie une dizaine de personnes trie, calibre et emballe les lentilles, avec le concours de deux ESAT de la région.
Une garantie de fraîcheur
Conditionnées en paquets cartonnés ou en sachets plastique ou toile, les lentilles vertes du Berry – estampillées © du Centre en plus de leurs deux autres labels – sont ensuite vendues partout en France, en grande surface, dans les boutiques spécialisées, les restaurants, etc. « On ne peut commercialiser que les lentilles de l’année, c’est un gage de qualité, et on n’a aucun mal à écouler la production », ajoute Cécile Taillandier.
Inspirée par cet exemple, la lentille, au fil des ans, a gagné un peu de terrain dans la région, hors de la zone couverte par l’IGP. A Nérondes, dans le Cher, la société Berry Graines valorise elle aussi une production locale, davantage axée sur la lentille corail. « Nous faisons travailler une petite dizaine d’agriculteurs, et nous commercialisons un peu moins de 100 tonnes par an, c’est dans le top 3 de nos ventes », précise Marion Breteau, co-fondatrice et directrice générale.
Toutefois l’avenir de la filière berrichonne pourrait être à nouveau menacé, cette fois à cause du climat. Avec le réchauffement, ces quatre dernières années ont été très difficiles. Les rendements sont à la baisse et les agriculteurs se montrent de plus en plus réticents à s’engager dans une culture devenue trop aléatoire. « Il faut continuer à les convaincre, d’autant que la demande est là », insiste Cécile Taillandier.
Plus difficile à produire, la lentille du Berry risque de devenir un peu plus chère. Mais elle reste quand même un produit très économique, avec 500 grammes seulement pour huit portions. En plus, elle peut s’accommoder à toutes les sauces, en entrée, en plat, en potage, en dessert, et s’adapte à tous les régimes, que l’on soit végétarien ou amateur de viande !
